Écrit par Simone | 12 juin 2020 | Image de couverture : André Labelle - Les Martiens
Après nous être intéressés aux différences entre l’art classique, l’art moderne et le street art, nous allons explorer un domaine nettement moins connu : celui de l’art brut, également connu sous le nom d’« outsider art ». Cédric Capliez, notre expert en art moderne, nous en dit plus.
Qu’est-ce que l’art brut ?
L’image qu’on a d’un « artiste », c’est souvent celle de l’« artistes affamé » ; celle du génie qui a consacré sa vie à l’art et ne peut s’empêcher de créer. De celui qui s’inspirent et s’appuient sur l’héritage de ceux qui lui ont précédés. Il existe un genre d’art qui se détache de cette idée.
« L’art brut était à l’origine considéré comme un art mineur parce que ceux qui le pratiquaient n’étaient pas considérés comme des « artistes » à proprement parler. Aujourd’hui, les anglophones appellent ça de l’« outsider art », soulignant ainsi que ces artistes sont souvent autodidactes et expriment leur propre style sans autres limites que celles de leur imagination », nous dit Cédric. « La principale différence entre l’art brut et les autres formes d’art est qu’il n’est pas influencé par les tendances ou les marchés, et qu’il nait de manière insolite. Ces artistes n’évoluent pas dans le « carcan » des règles académiques ou des normes sociales, pour un type d’art spontané et original ».
Laurentiu Dimisca - Le couple
Quelles en sont les figures clés ?
L’artiste français Jean Dubuffet a joué un rôle important dans le développement de l’art brut ; non pas comme créateur, mais pour avoir lancé La Compagnie de l’Art Brut. Cette association a été dédiée à la découverte, la documentation et l’exposition d’art brut et a joué un rôle clé dans la définition et la vulgarisation du genre. Il est également à l’origine du terme « art brut » et a rassemblé des milliers d’œuvres qui sont encore exposées aujourd’hui à Lausanne, en Suisse.
« Certains critiques ou marchands d’art, comme Wilhelm Uhde, ont été des pionniers pour la défense de l’art brut dans leurs galeries », poursuit Cédric. « Concernant les artistes eux-mêmes, il y a Séraphine 'de Senlis' Louis : une femme de chambre française analphabète qui avait pour passe-temps la peinture. On a aussi Henri 'Le Douanier' Rousseau. Un agent des douanes n’ayant jamais voyagé et souvent tourné en ridicule par la critique, qui est aujourd’hui acclamé pour ses jungles peuplées de créatures mystérieuses. Les deux sont devenus très populaires après leur mort. L’un des derniers grands artistes bruts fut Roger Chomeaux, également connu sous le nom de « Chomo », lui qui s’installa au beau milieu de la forêt de Fontainebleau pour faire des sculptures à partir de déchets. »
Danielle Jacqui - Le cavalier
Pourquoi nous aimons l’art brut ?
Beaucoup d’entre nous sont sensibles à l’art brut, un genre qui a réellement émergé ces dernières années. « Si elle a été dénigrée par le passé, on retrouve aujourd’hui cette forme d’art dans les expositions les plus prestigieuses et les prix des œuvres montent en flèche. En d’autres termes, elle obtient enfin la reconnaissance qu’elle mérite », s’enthousiasme Cédric. « On peut apprécier cet art pour son originalité, sa fraîcheur et le charisme de ses créateurs qui donnent chacun leur propre définition de ce que signifie être un artiste ».
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